Histoire du port de Capbreton
A compter de l’occupation Romaine, Bayonne, qui ne disposait pas d’accès direct à l’océan, était devenue une place forte et commerciale incontournable. Pour une meilleure défense contre l’envahisseur, elle était située à quelques kilomètres de l’embouchure du fleuve Adour.
Depuis des temps immémoriaux, au-delà de la cité, le fleuve se courbait brusquement et remontait au Nord de plusieurs kilomètres, pour déboucher face au Gouf de Capbreton, une fosse abyssale plongeant jusqu’à 4000 m de profondeur.
Capbreton n’était alors qu’un petit hameau sous l’emprise totale des Bayonnais, eux-mêmes sous tutelle Anglaise.Ils considéraient depuis toujours que tout ce qui entrait ou sortait du fleuve leur appartenait.
Simulation des changements du lit de l’Adour sur fond de carte actuelle
A la fin du 13° siècle par la volonté du Roi d’Angleterre, Duc d’Aquitaine, Edouard 1°, Capbreton va se développer et le nouveau port va alors se poser en rival dangereux de Bayonne qui va œuvrer pour l’empêcher de prospérer. Ce fût le début de multiples conflits et procès retentissants, souvent gagnés par les Capbretonnais mais jamais appliqués vu l’influence des Bayonnais à la cour.
Fin 14°, début du 15° siècle, par suite de grosses intempéries et amas d’eau, l’Adour va se frayer un chemin plus au Nord et déboucher également à Vieux-Boucau. Mais cette nouvelle embouchure va s’ensabler régulièrement, empêchant définitivement les gros bateaux de remonter le fleuve. Cette nouvelle situation provoqua le déclin de Bayonne qui perdit 1/3 de ses habitants et de nombreux marchands.
Ils durent alors concéder des droits à Capbreton qui, laissant remonter les marchandises vers Bayonne, devint alors principalement un port de pêche. Cette concession obligée ne satisfaisait pas les Bayonnais qui n’eurent de cesse de vouloir récupérer l’embouchure du fleuve.
C’est ainsi qu’en 1578, après de nombreuses tentatives infructueuses, l’embouchure de l’Adour fût détournée vers la ville de Bayonne, sous les directives de Louis de FOIX.
Capbreton tenta sans succès de contester et récupérer cette embouchure. Jusqu’à la fin du 16ième siècle il devint un grand port de pêche à la baleine, puis à la morue. Mais désormais sans le courant principal du fleuve Adour, le port, qui compta près de 3.000 habitants au XV siècle, s’ensablât lentement et la ville ne pouvant plus accueillir les grosses unités pêchant à terre neuve, perdit peu à peu son activité et sa population.
Les premiers réaménagements portuaires furent décidés et réalisés au second empire : l’estacade décidée par Napoléon III, véritable emblème de la ville mais aussi les premiers alignements de quais furent projetés. Pour rectifier le cours et fixer l’embouchure du Boudigau, on réalisât alors une estacade de 400 mètres, qui fût par la suite partiellement maçonnée et transformée en quai pour protéger le port réaménagé par les ingénieurs DESCOMBES et PAIRIER.
Un bassin de chasse fût créé depuis le lac d’Hossegor. Une fois canalisé, il permit de pérenniser l’embouchure naturelle de Capbreton. Sa largeur est désormais beaucoup plus modeste par rapport à celle de son passé. Ce fût la renaissance du port de pêche de Capbreton.
Au début du 20° siècle, alors que les premiers bateaux motorisés faisaient leur apparition, en juillet 1920, les Entreprises Maritimes Basques et la municipalité se mirent d’accord pour attacher au port de Capbreton une flottille de bateaux sardiniers et construire une conserverie sur la plaine du Bouret. Le port de Capbreton devint alors l’un des premiers ports français de pêche à la sardine.
Malheureusement, par suite des changements de courants marins, la ressource locale de ce poisson migrateur s’épuisa peu à peu et cette activité principale du port disparut au début des années 1950. Néanmoins, la majorité des bateaux locaux professionnels ont pour la plupart survécus en pratiquant une pêche plus traditionnelle et généraliste.
Également redevenu une destination balnéaire depuis la fin du 19°, le port de pêche d’origine se transforma en port de plaisance sous l’impulsion de la Mission Interministérielle d’Aménagement et de Côte Aquitaine (MIACA).
De 1975 à 1991 se construisent peu à peu les cinq bassins actuels : Pompidou, Pêcherie, Bonnamour, Les Corsaires et Le Bouret qui portent le port à sa capacité actuelle d’environ1000 anneaux à flot.
Essentiellement à vocation de port de plaisance, 71% des navires appontés sont des bateaux à moteur de 5 à 20 m et 29 % des voiliers de 8 à 23 m. Une cinquantaine de places libres, permettent également aux bateaux de passage de séjourner temporairement dans notre cité maritime.
Quant aux artisans pêcheurs, avec la complicité de la municipalité qui a su voir là un pôle d’attrait complémentaire, en limitant leur nombre et conservant leur diversité, ils ont pu conserver et développer leur activité grâce à la vente directe du poisson frais sur les étals situés directement en bout de quais. Ce pari gagnant permet aujourd’hui de préserver 130 emplois et de drainer d’autres visiteurs et consommateurs tout au long de l’année.
Comblés par un excellent microclimat et une qualité de vie typique du sud-Ouest de la France, la ville et le port de Capbreton sont aujourd’hui surnommés « chef-lieu du paradis ». De plus, le Gouf de Capbreton, face au port, offre aux pêcheurs professionnels et plaisanciers une grande diversité de poissons et crustacés tout en assurant une certaine sécurité par gros temps et de merveilleuses balades contemplatives parmi les dauphins et autres oiseaux des mers...